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tome 1, Chapitre 3 tome 1, Chapitre 3

Après une nuit de marche, le jeune violoniste arrive dans une grande ville, la musique qui l'avait tant obsédé s'est envolée loin de ses pensées et tout souvenir s'est évaporé de son esprit  ; aux bâtiments de pierre blanche de style classique avec des sculptures, il devine que la cité est cossue et florissante. Depuis plusieurs jours, le temps s'est radouci et le printemps tente une timide apparition avec un mois de retard. Le musicien boit à une fontaine et il s'assied sur la margelle afin de profiter du soleil. Personne ne fait attention à lui et il songe qu'il doit se mettre en quête d'un lieu où dormir et où jouer dans le but de gagner de quoi s'offrir un lit pour la nuit. Il s'installe près de la fontaine mais les badauds l'ignorent. Envahi jusqu'au plus profond de son être par sa musique, le violoniste ne voit pas le temps s'écouler et il ne se rend pas compte du manque de public. Il est déjà midi passé lorsqu'il décide de changer d'endroit dans l'espoir d'attirer des spectateurs et pouvoir s'alimenter. Les quelques pièces qu'il a récoltées seront à peine suffisantes pour lui permettre de se nourrir convenablement. Son ventre gronde et il trottine dans les rues à la recherche d'un endroit propice ; il jette son dévolu sur la place proche du château du seigneur local. Des passants lui a appris qu'il est en voyage et il a renoncé à frapper à sa porte pour trouver un abri pour la nuit. Le musicien se met à jouer en songeant qu'il devrait malgré tout tenter sa chance au château, les serviteurs et la châtelaine pourraient se montrer charitables mais il préférerait pouvoir s'offrir une nuit à l'auberge. Il serait ainsi totalement libre de ses mouvements et il ne risquerait pas de se retrouver dans une grande pièce parmi de pauvres hères, il voudrait éviter la promiscuité, les mauvaises odeurs et le risque de maladies.

Durant une heure, il se laisse aller dans sa bulle musicale ; il s'imagine tantôt passager d'un bateau agonisant en pleine tempête sur une musique lente et répétitive, tantôt prince antique livrant bataille dans le désert dans des envolées qui se veulent pompeuses; les badauds l'entourent mais ils ne restent pas longtemps. Cette musique particulière et ce musicien qui ne leur prête nulle attention les découragent, malgré son indéniable technique, ce jeune homme semble plus jouer pour lui-même que pour eux. On l'applaudit néanmoins et on lui réclame des airs à la mode par des cris et des sifflements. Florentin ouvre les yeux et il semble alors remarquer la foule, il soupire mais il s'exécute pour satisfaire son public ; rapidement, quelques pièces pleuvent dans son chapeau et d'instinct le miséreux tente d'estimer les gains qu'il a récolté. Il lève les yeux vers son chapeau poussiéreux pour en jauger le remplissage mais face à son manque de succès dans cette entreprise, il renonce pour se laisser envahir par sa musique. A la fin de son spectacle improvisé, le jeune homme récupère son chapeau qui contient quelques piécettes sans valeur. Déçu de sa mauvaise estimation, il sait qu'il n'aura pas de quoi trouver un abri pour la nuit et il se résigne à parer au plus pressé. Aussi, il s'achète à manger avant de passer les heures suivantes à errer à la recherche d'un lieu où dormir. Le violoniste regrette de s'être laissé emporter, il aurait dû se montrer raisonnable et satisfaire son public. Mais il ne parvient à regretter le plaisir ressenti durant ces minutes hors du temps. Il sourit au souvenir de ce moment de grâce qui l'a empli de joie au plus profond de son âme.

Après avoir fait l'achat de pain et de quelques pommes accompagnées d'un beignet, folie à laquelle il n'a pas pu résister pour satisfaire sa gourmandise, le musicien déambule dans la ville alors que le jour décline. La cité est petite mais jolie et il songe qu'il devrait peut-être trouver à s'établir dans une grande agglomération où il pourrait espérer mieux gagner sa vie. Mais le musicien réfléchit au fait qu'il doit dénicher un moyen de transport pour quitter la région ou se résigner à reprendre son épuisante marche sur les routes, perspective qui le décourage par avance. Il croque dans le beignet et la confiture de framboise emplit sa bouche ; depuis des mois, il n'avait mangé une telle pâtisserie et le plaisir que lui procure la pâte grasse et luisante qui lui macule les doigts d'une couche de gras l'emplit d'une joie enfantine. Gourmand de nature, Florentin avait oublié les plaisirs de la table après des jours à dîner dans des auberges bon marché lorsque son pécule le lui permet. Il sait qu'il regrettera sa dépense une fois sa bourse vide mais en attendant, il décide de savourer cette gourmandise si rare. Il chasse de ses pensées les pâtisseries que la cuisinière lui faisait à l'époque où ses parents étaient encore de ce monde, il se souvient de ses tartes aux pommes savoureuses ; cette pensée l'attriste et il soupire douloureusement, une larme humidifie ses yeux et il se reprend. Dans l'immédiat, il doit trouver une solution pour ne pas passer une nuit supplémentaire dehors. Malgré le beau temps qui revient, il n'a pas la force de dormir à la belle étoile cette nuit, il imagine les habitants dans les immeubles qu'il longe. Il pose la main sur le mur le plus proche et il se représente les familles vivant là, mangeant et riant ensemble. La nostalgie l'étreint mais il se reprend, il ne peut se permettre nulle faiblesse.

Florentin passe le reste de l'après-midi à jouer sur les places sans grand succès, il remarque quelques auberges qu'il estime être à bon marché à leur mine piteuse mais les personnes qu'il croise devant la porte ne lui semblent guère engageantes. Les regards qu'on lui lance ne lui disent rien de bon, il remarque alors son costume encore en bon état malgré les lavages qu'il lui inflige dans les auberges. Il se décide à aller boire une chope de bière dans l'une d'elles mais il se retrouve entouré de manants et de petites gens. Dégoûté, le violoniste quitte aussitôt les lieux, il n'a pas le cœur à dormir sur place, il espère trouver mieux et il reprend sa promenade dans la ville. Florentin repense à la foule qui l'a entouré et à son regret de ne pouvoir leur donner de quoi améliorer leur condition. Il fredonne une mélodie et bientôt, il perd la notion du temps, loin de la réalité. La ville lui plaît et il se demande s'il ne pourrait pas trouver un endroit où jouer durant les jours suivants ; l'endroit lui semble cossu et il suppose que les habitants sont relativement aisés, peut-être que s'il s'établit à un endroit bien en vue et qu'il choisit de jouer aux bons moments comme lorsque les ménagères vont faire leurs emplettes ou les heures de messe, il pourrait obtenir de quoi vivre et peut-être mettre un peu d'argent de côté, faute de mieux. Il songe qu'il doit avant tout choisir un lieu d'où on ne le chassera pas, il s'installe d'ordinaire sur les places et près des églises pour cette raison. Mais la cité l'intimide, elle semble plus riche que les villes et les villages qu'il a traversé jusqu'ici. Il admet que les chances que la fortune se décide à lui sourire seraient plus importantes ainsi que celles de récolter de meilleurs gains et avec de la chance, il se fera des relations qui l'aideront à vivre de son art ou qui lui donneront le nom de personnes influentes à contacter dans d'autres villes.

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Bercé par ses rêves de gloire, le jeune homme bouscule une silhouette vêtue d'une cape noire qu'il n'a pas vue dans l'obscurité qui a fini par tomber. Entre chien et loup, il n'a pas vu l'ombre mouvante dans la rue mal éclairée. Il peste en songeant que si les lois de monsieur de La Reynie étaient respectées un peu plus dans les petites villes, il n'aurait pas manqué de glisser sur un pavé un peu trop rond en perdant quelque peu l'équilibre dans la collision.

- Pardonnez-moi, je suis désolé... marmonne-t'il en cherchant à tâtons son violon qui lui a échappé.

Il regrette d'avoir eu l'imprudence de le tenir à la main mais par chance, l'étui de l'instrument est tombé dans l'herbe. Il l'essuie avec un soin infini à la faible lumière tremblotante d'une lanterne de l'autre côté de l'étroite rue et d'un geste, il fait tinter les cordes pour s'assurer que son violon n'a rien.

- Vous jouez ? Je cherche un professeur pour accompagner ma fille mais c'est une petite ville, il est difficile de faire venir quelqu'un d'une grande ville. Sauf à pouvoir payer une somme conséquente.

- Quelle somme proposez-vous ?

Le jeune homme regrette sa précipitation mais son interlocuteur ne s'en formalise pas. La somme est petite mais le vieil homme offre le gîte et le couvert ; Florentin est peu dépensier et il songe que c'est une aubaine qui ne se représentera pas de sitôt. Un toit pour la nuit, le couvert et un petit pécule est plus qu'il n'en espère.

- Me prendriez-vous à l'essai ?

- Bien sûr. Vous pouvez vous présenter demain matin chez moi. Où logez-vous ?

- Je cherchais justement un lieu où dormir. dit le jeune homme, gêné. Je suis arrivé tard et je ne connais pas la ville, je cherche une auberge à bon marché. ajoute-t'il avec un peu trop de précipitation.

L'homme observe ses vêtements usés et la fatigue qui se lit sur son visage lui apprend qu'il n'a pas dû bien dormir depuis des jours.

- Je vois. Venez donc dès ce soir. A quoi bon attendre demain matin ?

- Merci de votre générosité. remercie Florentin, soulagé.

- Avez-vous des références ou des lettres de recommandation ?

Le jeune homme rougit violemment ce qui passe inaperçu dans la nuit. Il commence à paniquer à l'idée de voir sa chance lui échapper puis il se reprend, il sait de quoi il est capable et il peut toujours lui jouer un air pour le convaincre si nécessaire en attendant de demander des lettres de recommandations.

- Non, j'ai eu les meilleurs professeurs de ma ville et j'ai parfois joué pour des amis de mes parents à leur demande. Des bourgeois de la meilleure société. s'empresse-t'il d'ajouter. Je peux leur écrire si cela vous rassure.

Florentin sent sa bonne fortune lui échapper et ses yeux s'embuent. Il devine le regard de l'inconnu peser sur lui et l'examiner avec attention.

- Bien, nous verrons ce qu'il en est. Il est difficile de trouver un bon professeur dans de petites villes de province. Nous saurons de toute manières sans délai si vous faites l'affaire ou non ; et si vous avez les qualités et la formation que vous dites. Allons, suivez-moi, il se fait tard et j'ai grand hâte de rentrer chez moi, j'ai eu une affaire urgente à régler et croyez-moi, je n'aspire qu'à retrouver mon foyer.

Florentin n'ose pas répliquer qu'il pense de même et il se contente de suivre son nouvel employeur en silence. Il a compté ses derniers gains et toutes ses économies réunies permettent tout juste de payer la traite de l'achat de son instrument, il ne peut s'autoriser le moindre retard dans ses paiements. Soulagé, il se promet de passer à la banque tôt le lendemain matin pour ne pas risquer des dépenses inutiles. La perspective de trouver un abri durable lui donne l'espoir d'avoir le temps de travailler autant qu'il le souhaite dans de bonnes conditions. En effet, jouer dans la rue ou avec un chiffon glissé sous les cordes en guise de sourdine la nuit dans une auberge n'est pas le meilleur moyen de donner libre cours à sa créativité ; il ne peut pas travailler aussi longtemps qu'il le devrait et il le regrette amèrement, son jeu commence à s'en ressentir.

Il suit l'homme inconnu dans les petites rues et bientôt, il se retrouve devant un bel immeuble. Il estime que l'endroit est plaisant et le quartier lui semble bourgeois, laissant supposer que la famille a des moyens financiers conséquents. Il sourit à sa chance en montant les escaliers, heureux d'échapper à la rue même s'il regrette le retour des beaux jours. Sa vie de vagabondage ne lui déplaît pas, il voit du pays et malgré son épuisante errance, il découvre des lieux nouveaux et il aime marcher dans la nature par beau temps. Il aurait aimé avoir fait cette rencontre au début de l'hiver qui a été difficile, il remercie sa bonne étoile de ne pas avoir péri de froid, de faim et de maladie durant les mois plus durs de l'année. Il apprend que l'homme vit seul avec sa fille de dix-huit ans depuis que sa femme est décédée de maladie trois ans plus tôt. Florentin détaille l'homme replet en costume noir strict, ses favoris grisonnants tout comme ses rares cheveux bouclés, le notaire lui est sympathique et il espère que la demoiselle l'est également et surtout qu'elle le laissera le temps de composer en paix. Le jeune homme rêve de retrouver un confort perdu, peut-être pourra-t'il emprunter quelques livres et surtout il n'aura pas à s'inquiéter du lendemain. La perspective de retrouver un rang social équivalent à celui qu'il a connu même comme simple domestique lui fait du bien, il n'avait jamais vécu dans la pauvreté avant la mort de ses parents et cette expérience l'a meurtri jusqu'au plus profond de son âme, il espère un avenir meilleur sans avoir à se soucier de ses finances et pouvoir vivre de sa passion comme autrefois. Qui sait s'il ne rencontrera pas d'autres artistes par hasard qui le recommanderont pour des concerts privés, lui permettant de s'extraire de sa condition s'il sait se montrer patient. Et il pourra composer à sa guise, il a questionné l'homme qui lui a dit qu'il n'aura pas d'autres obligations que de répondre aux demandes de sa fille en matière de musique. Florentin a estimé qu'il aura du temps libre en abondance pour s'entraîner et composer dans les meilleures conditions possibles. Il espère que s'il s'entend bien avec la jeune fille, elle lui prêtera des partitions nouvelles et peut-être quelques livres, il lit peu, préférant de loin la musique mais la perspective d'avoir le loisir de s'adonner à la lecture sur son temps libre l'enchante.

Durant le trajet, l'homme lui a appris qu'il travaille au rez-de-chaussée de l'immeuble, le premier étage étant le logement de la famille, les domestiques vivant au deuxième étage. Florentin est soulagé d'apprendre que sa musique ne sera pas entendue de l'office notarial même s'il ne met pas la sourdine, il pourra travailler à sa convenance ce qui lui changera des auberges où il n'a jamais pu s'entraîner convenablement ces derniers mois. A condition de ne pas déranger la jeune fille mais Florentin se rassure, si elle est musicienne, elle comprendra, il en est certain.

Le musicien pose son bagage dans une petite chambre claire aménagée au fond de l'étage occupé par la famille. Il examine le lit et le bureau ainsi que la petite armoire qui constituent le seul mobilier de la pièce. Tout est propre et de bonne facture. La maison lui a semblé petite mais le notaire lui a appris qu'il y vit seul avec ses deux enfants ; au rez-de-chaussée, il a installé son étude. Son fils est tout juste marié et ce dernier est en quête d'un logement dans la ville voisine. Il le croisera rarement car il est occupé à monter son affaire dans le commerce. Seul dans la pièce, Florentin sort les partitions sur lesquelles il travaille en attendant le dîner. Il soupire d'aise à l'idée d'un repas chaud et d'un lit pour la nuit à venir. Lorsque sonne l'heure du dîner, il a bien avancé sur l'air qu'il a en tête depuis plusieurs jours et après quelques essais sur son violon, le résultat lui a paru satisfaisant ; c'est en chantonnant qu'il rejoint la cuisinière et la femme de chambre dans l'office où un solide repas leur est servi. Il y avait bien longtemps que Florentin n'avait pas mangé de pot-au-feu et de la vraie viande bien que la portion soit réduite pour les domestiques. L'homme à tout faire les rejoint peu après le début du repas et le musicien les interroge sur leurs conditions de travail. On lui répond que les maîtres de maison sont bons mais exigeants, notamment la fille qui est charmante en tous points. Le fils vient rarement mais il est aimable et jovial. Lorsque le jeune homme se couche, ce soir-là, il bénit sa chance et il s'endort le sourire aux lèvres, heureux de dormir dans des draps sentant la lessive, au chaud. Il s'éveille à minuit et l'angoisse l'étreint, il craint de ne pas être à la hauteur et de perdre sa place sitôt obtenue. Incapable de dormir, il fait les cent pas dans la petite chambre et il se risque à jouer un air en effleurant à peine les cordes. Un peu plus calme, il fait le tri dans ses partitions pour avoir une vision plus nette de ce qu'il peut proposer à la fille de son employeur. Mais ne connaissant pas ses goûts, il renonce, il ferait mieux de dormir, il le sait mais il s'en sent incapable. De nouveau, il prend son instrument et il joue tout doucement en maintenant les cordes contre le manche du pouce pour minimiser leurs vibrations . Il colle l'oreille contre la caisse de résonance et il s'arrête de jouer, intrigué. Tantôt l'instrument se montre coopératif, tantôt il semble lutter contre lui ; les sons mélodieux alternent avec des sons discordants. Florentin, surpris, tente de comprendre mais il finit par renoncer, il doit dormir. Le jeune homme se réveille une heure plus tard, inquiet, il se souvient des places où il a joué, il revoit la foule qui ne l'écoutait pas ou se moquait de lui, les passants indifférents à sa musique. Et si ses choix ne plaisait pas ? Et s'il se montrait incapable de jouer les partitions que la demoiselle lui commanderait d'exécuter, faute d'y trouver du goût ? Il sait que ses mauvaises conditions de jeu de ces derniers mois l'ont affaibli ; depuis quelques temps, il ressent des douleurs au poignet et au coude. Mais il n'y a pas pris garde, trop occupé à survivre. Désormais, il devra jouer plusieurs heures par jour et reprendre un entraînement normal. Florentin se demande s'il aura la condition physique nécessaire et si son corps mal alimenté et malmené tiendra. Il devra se ménager, le temps que son bras et son dos se réhabituent à la pratique intensive du violon, il espère que ses longues heures de marche lui auront au moins donné des jambes suffisamment solides pour compenser ses faiblesses.

Les yeux écarquillés, le Diable ricane, cette aventure l'amuse follement. Il espère que le musicien n'aura pas l'idée de se débarrasser du violon mais il sait qu'il ne peut se le permettre, s'en priver reviendrait à se séparer de son moyen de subsistance le condamnant à la mendicité et à l'indigence. Et il sent que le jeune homme s'y est attaché, le coup de foudre s'est transformé en une étroite relation, il a encore de belles heures devant lui à suivre le destin du jeune violoniste. Satisfait, il se dirige vers le cœur des enfers où des âmes l'attendent.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 12 mai 2018 à 12h35
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