Et elle s'élança sur scène. Ses pas glissant sur le sol comme une délicate brise, le frolant, ne lui prélevant que l'élan dont elle semblait être en quête. Et elle tourna dans les airs, gracieusement, fébrilement, son corps fin se mouvant avec douceur, un peu peureux, mais assez fort pour se lancer de nouveau ; et encore une fois. Et la mélodie reprenait, incessante, inlassablement, enivrante. Et elle se cessait de tourner, ses yeux clos, de peur de regarder le monde réel en face, de sauter, comme ces nuits de cauchemars où elle voulait s'échapper, de se coucher, comme jadis dans les bras de sa mère, et de replonger, dans cette eau froide du lac de sa jeunesse. Chaque fois d'une manière différente, chaque fois d'une manière étonnante, qui faisait se demander comment ? Comment un corps aussi frêle pouvait endurer ces coups, ces heurts. Mais elle était impassible, les perles gouttant sur son front ne la rendant que plus magestueuse. Alors, elle cessa cette danse frénétique. Elle se tint droite, forte, imperturbable. Et elle s'échoua sur le sol froid, respirant fortement, souriant dignement, alors qu'un son long et doux s'estompait peu à peu...et que le couvercle se referma.